Même lorsqu’on a une bonne idée, qu’on adore l’entrepreneuriat, et qu’on ne se voit pas autrement qu’en créateur d’entreprise, ouvrir un commerce physique est un énorme engagement. On doit se poser et répondre à de nombreuses questions fondatrices. Et il faut du temps, entre le moment où l’idée arrive à maturation, et celui où l’on trouve un local : c’est en moyenne 1 an qui a passé. Un an qu’il faut absolument mettre à profit de manière intelligente pour finalement ouvrir sa porte en fin commerçant doté d’une visibilité accrue et d’un solide sens des affaires.
Ouvrir un commerce : les étapes
Le fil conducteur qui permet de faire fructifier ce qui n’est au départ qu’une simple idée de business, Lisy l’a retracé avec une commerçante dont le parcours est emblématique et totalement ancré dans la réalité du commerce en dur.
C’est Christelle qui nous éclaire de son expérience et de ses conseils : idée, business plan, choix du local commercial. Rien n’est laissé au hasard.
Sa motivation : Vivre de sa passion. Retrouver du sens au travail. Ça vous parle ?

Son idée business : ouvrir un salon de thé et sa boutique de thé au détail. Spoiler : aujourd’hui elle est à la tête de 2 magasins et a su rebondir sur la crise sanitaire en ouvrant un site de vente en ligne et un service de click & collect. Elle a développé sa propre marque de thé bio.
L’idée de business rentable cible un marché.
Vous pourriez avoir une idée passion, comme Christelle, et arriver à la rentabiliser. Mais toutes les passions ne sont pas monétisables. C’est pourquoi il faut absolument penser “marché” et savoir s’il y a une demande suffisamment importante pour que vous puissiez en vivre.
C’est ce qu’on appelle le product/market fit.
L’étude de marché ➡️ Comment faire pour savoir s’il y a un marché pour votre service ou votre produit ?
L’étude de marché doit être la plus documentée possible. Elle s’appuie sur des cas de réussite d’entreprises dans le même secteur, sur des sondages et des enquêtes du public dans la zone de chalandise envisagée, et sur les chiffres de la concurrence. Mais aussi sur une longue, très longue observation du comportement des passants dans la rue (ou vous pouvez faire simple et rapide 😉. Comment ? Lisy vous donne accès au flux piétonnier et de voiture aux abords du local que vous convoitez parmi un grand choix d’annonces) .
Christelle, pour réaliser une étude, a collecté toutes ces informations, soit des centaines d’heures de travail, dans un business plan de 100 pages et elle a fait parler les chiffres.
Le business plan ➡️ Comment obtenir la confiance du banquier ?
Si vous n’êtes pas connu, et que c’est la première fois que vous montez un business, le banquier va regarder ce que vous détenez et qui peut couvrir son risque :
- Votre patrimoine personnel : en cas de défaillance, peut-il couvrir la dette ?
- Votre situation personnelle : avez-vous un mari/une épouse suffisamment solvable en back-up ?
- Votre personnalité : êtes-vous lucide sur ce qui vous attend, mais confiant ?
- Le projet : comment réussissez-vous à rentabiliser votre projet et donc à rembourser la banque ? Quel est votre seuil de rentabilité, votre point mort ?
💸 Conseils financiers de Christelle :
Pour un nouvel entrant, la banque demandera au moins 30% d’apport personnel et utilisera votre patrimoine en garantie bancaire. Ce qui vous aiguillera sur le choix du statut juridique de votre entreprise : aurez-vous besoin d’apport en capital et donc, d’associés ? Vous devrez alors monter une société en SAS (Société par Action Simplifiée) ou en SARL (Société à Responsabilité Limitée).
💡 Note : Pourquoi on parle de Société par Action Simplifiée ? Car elle est déchargée du formalisme des autres formes sociales avec une grande liberté de rédaction des statuts. Elle est essentiellement utilisée par les petites et moyennes entreprises ou les entrepreneurs individuels.
1- Dans un business plan, il faut prévoir au minimum 6 mois de trésorerie et de fonds de roulement pour couvrir l’ensemble des charges. (Et c’est encore mieux de prévoir 1 an).
2- Réussir sa relation avec le banquier est primordial : vous aurez besoin de lui pour des crédits de trésorerie et des coups de pouce ponctuels. Ne lui cachez rien et jouez toujours franc-jeu. Expliquez lui quand et comment vous allez le rembourser et faites exactement ce que vous annoncez.
3- Il faut démontrer au banquier sur quelles ressources vous allez compter les 3 premières années (pôle emploi, salaire…) et lui donner des prévisions de besoin en fonds de roulement (BFR) sur 3 ans.
Le choix du local commercial
Comment élaborer un business plan réaliste si vous ne connaissez pas le montant du loyer et des charges ? Il faut commencer par des projections et passer en réel dès que vous avez trouvé l’emplacement. Et le local idéal se situe là où est votre marché cible. Ne tablez pas sur le fait que vos futurs clients fassent de la route pour acheter chez vous.
Reprenons l’exemple de Christelle.

Elle vend un produit de qualité, haut-de-gamme, avec une partie salon. Elle ne va donc pas s’installer dans une cité dortoir, ni dans une ville populaire. Il faut donc choisir une ville où le flux est quotidien, fréquent et où se trouvent des CSP +.
Elle pose des filtres personnels (vie familiale, proximité…) et se focalise sur une ville. Elle passe un an à observer, à enquêter, à définir les emplacements numéro 1.
Elle connaît la ville sur le bout des doigts, mais il faut qu’un commerce se libère. Celui qui vient n’est pas un emplacement n°1. Le local est situé dans une artère légèrement excentrée, avec moins de passage.
Pourtant la balance bénéfice/risque lui est favorable, car son offre est unique localement et le besoin existe. Elle se positionne et retourne voir la banque avec les données financières actualisées.
😉 Bien entendu, si vous allez créer une entreprise de transport, vos critères du local idéal ne dépendent pas de votre marché cible mais des caractéristiques de l’entrepôt.
Les très bonnes idées de commerce en 2023

C’est vrai qu’il est difficile de faire patte blanche quand on a une idée super innovante, ou quand le marché émerge tout juste et qu’on a peu de données. Mais à moins d’être une start-up, on arrive toujours à trouver des références. Voici des idées qui ont fait leur preuve et d’autres très prometteuses.
- 🎮 Loisirs indoor
Que ce soit pour la petite enfance sur le modèle des parcs de jeux indoor, ou pour les adulescents : les laser games, escape games, les jeux en réalité virtuelle, se réservent des semaines à l’avance et cartonnent. Voici la première enseigne de loisirs en franchise : quiz-room. Ça vous inspire ?
- 🚴🏻♂️ Magasin de vélos électriques et réparation de vélos
Ça ne désemplit pas. Particulièrement dans les villes éloignées des zones commerciales ou on ne trouve pas facilement de Décathlon 😉
- 👁 Boutique Eye Mazy
Une enseigne déjà implantée en France qui propose des photographies de votre iris. Ça fonctionne très bien parce que c’est unique, et qu’il y a beaucoup de déclinaisons déco proposées. Un produit qui booste l’égo des clients, la vraie idée, c’est ça. Et on en parle déjà sur les réseaux sociaux.
- 💇🏻♀️ Bar à boucles
Une alternative au barber shop (réservé uniquement aux hommes) et parfaitement dans la tendance. C’est le retour des cheveux naturels. Les cheveux bouclés sont tellement spécifiques qu’ils ont leur propre boutique. C’est le succès que rencontre La Belle Boucle. La fondatrice a démarré avec un compte Instagram et développe aujourd’hui sa franchise.
- 🦸♀️ Boutique univers manga
La France est le 2ème marché mondial. Le succès ne se dément pas. Les boutiques sont pleines de jeunes et de moins jeunes. La planète manga plaît mais sa petite sœur coréenne fait aussi l’affaire avec la K-Pop. Un business pour passionnés !
- 🧁 🎨 Les concept-stores
Il s’agit d’un mix de plusieurs activités comme une boutique de street-art où on peut manger de la street-food, un salon de thé avec un espace de vente déco (coucou Christelle 👋🏻 ), une librairie-café, une boutique de vêtements avec un corner restauration ou corner tatouage…Attention aux normes sanitaires de la restauration (et au règlement de copropriété) !
Et dans les entreprises (vraiment) innovantes :
- 🕶 Monter sa propre affaire dans le métaverse
Les marques affluent, on vend et on achète dans le métaverse. On paie en crypto-monnaie. Carrefour y a acheté un espace. Certains avant-gardistes imaginent que le prochain business rentable sera d’acheter des NFTs qui donneront droit par exemple à des repas au restaurant dans le monde réel. On avait le click & mortar avec le web 2.0, comment va t-on appeler le cross canal en web 3.0 ?
❓ Que deviennent-ils ❓
- 💆♀️ Boutique de CBD
Il y a eu un véritable engouement. Force est de constater que d’une part la concurrence internet est vivace (40% des ventes) mais il y a aussi une cannibalisation du commerce par le secteur pharmaceutique (lire ici). Le marché serait en expansion, mais les trop nombreuses boutiques diluent la fréquentation et ne permettent pas d’établir avec certitude que c’est un commerce avec pignon sur rue rentable.
- 🚬 Boutique de cigarette électronique
C’est encore maintenant une bonne idée, le marché est dynamique. Il faudra choisir avec soin l’implantation en étudiant la concurrence de manière approfondie.
- 🥫 Boutiques d’aliments en vrac
Monter son affaire dans l’alimentaire en prenant en compte la gestion des stocks de denrées périssables n’est pas le choix le plus simple. Il faudra vérifier la longévité de ces magasins sur le terrain et appréhender un marché encore peu mature en France et pourtant concurrentiel.
Les erreurs à ne pas commettre …si possible.
Nous avons posé la question à notre business woman de référence pour savoir quels conseils elle pourrait donner à quelqu’un qui veut créer son business.
Voici sa réponse 👍
- Ne pas embaucher : à moins que ce ne soit vraiment indispensable. Ou alors embaucher en CDD et en temps partiel. Car une erreur de casting a un coût financier très impactant pour les petites structures, particulièrement au démarrage. Autant pouvoir se séparer facilement sans pertes ni fracas.
- Ne pas prendre trop de stock au démarrage : les banques deviennent méfiantes.
- Bien négocier son bail commercial !
Réussir la création d’un commerce
Définir vos compétences-clés est une ressource indispensable pour réussir votre entreprise. Si vous ne connaissez pas bien le secteur d’activité, mais que vous sentez une opportunité à saisir, il vous faudra alors des compétences en gestion et en comptabilité pour vous appuyer sur ces fondations. Si vous êtes passionné de votre produit ou de votre service, alors vous le vendrez bien et serez vigilant à acquérir les savoirs financiers au fur et à mesure en vous appuyant entre autres sur les pépinières d’entreprises.
La chambre de commerce et d’industrie accompagne le créateur en montant avec lui un dossier de création d’entreprise. Elle vous aidera à établir votre plan de financement, à former une société, à constituer une activité viable. Les dossiers d’entreprises, reprise ou création, c’est son métier.