Conseils

Le chèque-télétravail et ses multiples bénéfices

Par Joane Eftekhari
Publié le 23 septembre 2022
Lecture de 3 min
Tasse à côté de l'ordinateur
Table des matières

Quand un propriétaire d’espaces de coworking voit passer des centaines de travailleurs stressés, fatigués, en direction de la gare devant son établissement, il se demande alors comment faire adhérer leurs employeurs au concept des tiers-lieux. De surcroît, lorsque son collaborateur lui confie qu’il serait plus fonctionnel de dématérialiser les paiements des espaces, l’étincelle s’allume, le lien est fait : le chèque télétravail.

C’est la grande idée de Thierry Valdor.

Le contexte est idéal : les entreprises ont négocié des heures de télétravail avec leurs employés, et certaines ont trouvé un avantage financier substantiel à se départir de leurs bureaux inutilisés. Il faut maintenant trouver des solutions pour ces télétravailleurs.

Cette réorganisation n’échappe pas à l’entrepreneur mâconnais. Il veut canaliser les salariés vers ses espaces et en profiter pour résoudre la question du coût du télétravail.

Le projet est lancé en avril 2022. Et déjà il s’inscrit comme l’un des principaux outils dans notre nouvelle façon de travailler.

Le chèque télétravail, concrètement c’est quoi ?

Une cagnotte entièrement dématérialisée que l’on recharge. Elle permet aux entreprises d’allouer un budget télétravail de manière personnalisée, traçable, et sécurisée.

L’entreprise verse de l’argent sur l’application et le salarié le dépense dans l’espace de coworking affilié au programme. Il suffit au télétravailleur de flasher son QR Code pour payer l’espace. L’entreprise, de son côté, a accès à un back-office pour affecter une somme à chaque employé, connaître les crédits restants et le récapitulatif des locations effectuées.

À l’heure où nous écrivons, ce sont une centaine de lieux qui ont souscrit au partenariat, partout en France.

La dématérialisation du paiement est un avantage certain pour l’entreprise qui s’est digitalisée.

Le télétravail à domicile n’est pas une obligation

Femme travaille sur sa tablette

Pour la plupart des gens, le télétravail rime nécessairement avec travail à domicile.

Mais tout un tas de problématiques ont émergé :

  • créer un espace de travail personnel au sein du foyer,
  • se doter du matériel adéquat et d’un poste de travail,
  • se faire assurer hors de son lieu de travail,
  • déclarer les frais liés à l’activité professionnelle.

Cette façon de travailler a montré ses limites, particulièrement pour les personnes résidant en zones tendues dans des lieux de vie plus petits qu’en province. Mais pas question de remettre en cause l’acquis du télétravail. La solution ? Affiner ses modalités.

Or fin 2020, l’accord national interprofessionnel sur la mise en œuvre du télétravail précise que les employés pourront utiliser des espaces de travail partagés si nécessaire et à distance, au domicile ou dans un tiers-lieu. Cela signifie qu’il n’est plus nécessaire de se rendre au bureau ni de rester chez soi !

D’ailleurs, le législateur le confirme dans le code du travail : “le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication.”

Dernier point : en 2022, l’URSSAF valide que tous les avantages sociaux (titres-restaurant, chèques vacances…) sont préservés pour tous les télétravailleurs.

Ce qui n’est pas anodin et peut faciliter l’accès aux espaces de travail externes.

Le télétravail bientôt indemnisé ?

Femme travaille sur son ordinateur

Le Ministère du travail lors du dernier protocole sanitaire de Décembre 2021, a obligé les entreprises à télétravailler au moins 3 jours par semaine, sans pour autant adosser à cette obligation de mesures contraignantes, ni de mesures facilitantes.

Après l’épidémie, les entreprises sont restées libres d’organiser le travail des employés dans le respect des normes de protection sanitaire. Ce qui perdure depuis février 2022.

➡️ Alors, qui paye le coût du télétravail ?

Dans la majorité des cas, il incombe à 100% aux salariés. Avec la hausse du prix de l’énergie, il est fort à parier que des voix vont se faire entendre pour faire évoluer rapidement la situation.

Mais les entreprises ne bougeront probablement pas avant que des directives sociales et fiscales ne soient votées.

Un projet de loi sur le chèque-bureau universel (ou titre-télétravail) porté par la députée Frédérique Lardet a vu le jour fin 202. Cette dernière propose de verser un “forfait télétravail” d’un montant maximum de 600€ par an et par salarié.

Ainsi, une exonération de charges fiscales est en débat. Le titre-télétravail bénéficierait d’avantages fiscaux au même titre que le ticket-restaurant.

D’ailleurs, la fonction publique indemnise depuis Septembre 2022 ses titulaires à hauteur de 2.50€/jour. La voie est ouverte pour que l’ensemble des acteurs privés et publics puissent normaliser cette pratique qui s’inscrirait alors comme un nouvel avantage social.

Revirement, début 2022 la députée quitte l’Assemblée Nationale. Le projet n’est pas pour autant enterré. Madame Lardet encourage même Thierry Valdor à développer le dispositif sur le terrain, pour être prêt lorsque le projet de loi sera entériné.

Thierry Valdor s’attache alors à concrétiser ses partenariats : il monte un réseau d’espaces de coworking, travaille sur le logiciel et l’application mobile et il a déjà des clients : l’ARS de Bourgogne Franche-Comté utilise ses titres dématérialisés.

Ensuite il faudra statuer sur les éventuelles exonérations de charges sociales et autres avantages fiscaux, la validité de la période d’utilisation et sur l’accord patronale qui en découlera …

Le système envisagé serait, pour l’instant, une prise en charge par les collectivités territoriales et l’État. Le montant des titres serait flexible et c’est l’entreprise qui le déterminera en fonction du profil du salarié.

À qui s’adresse le chèque-télétravail ?

Femme pensive

Le télétravail a encore de beaux jours devant lui. En effet selon une enquête INSEE, près d’une entreprise sur 3 va continuer le télétravail, ce qui représentera en moyenne 22% du temps de travail.

Le chèque-télétravail à destination des cadres

Selon la même enquête, les cadres sont 55% à adopter le télétravail. Plus de la moitié d’entre eux en seulement 2 ans…

Les entreprises ont là un réel atout dans leur manche pour fidéliser et recruter leurs cadres stars, qui ont bien compris qu’ils pouvaient dorénavant s’offrir une qualité de vie supérieure en déménageant loin des grandes métropoles. Reste à savoir si ces cadres opteront pour un espace de travail dédié ou pour le home office. En tout cas, le télétravail fait maintenant partie intégrante des avantages d’un poste de cadre.

À l’heure où l’on parle du “quiet quitting”, les RH doivent considérer le chèque télétravail comme une planche de salut.

Pour les forces de ventes, les VRP

Thierry Valdor le confirme, les clients de ses espaces de coworking sont aussi des VRP ou des commerciaux envoyés sur une zone de prospection.

La location d’espaces de travail en bureau fermé ou partagé fonctionne très bien pour ce segment de clientèle, dont les entreprises ont déjà mis en place des protocoles de paiements, mais pas encore de dématérialisation.

Pour les start-ups

Les espaces se diversifient, en même temps que les modes de travail évoluent. Les start-ups connaissent bien le travail hybride et savent ce que peut leur apporter un espace de coworking : la domiciliation, la liberté d’utiliser à la carte des grandes surfaces, des salles de réunion, pouvoir profiter des fablabs. Un environnement de travail qui ressemble à BubbleOne, un incubateur d’innovations dans lequel on met à disposition de tous, petits porteurs de projets ou grands comptes, des technologies, des savoirs, qui permettent un travail collaboratif fructueux entre salariés exogènes.

Pourquoi les entreprises peinent à utiliser le chèque-télétravail ?

Les entreprises sont frileuses car elles sentent les relents des affaires du chèque-repas.

En effet on se rappelle le débat qu’a suscité le détournement des chèques-repas par les supermarchés pour acheter des fruits et légumes plutôt que des déjeuners dans le restaurant d’entreprise. Mauvais souvenir numéro 1.

Débat aussi quand, pendant le confinement, l’octroi du chèque déjeuner avait été remis en cause puisque le salarié étant à demeure, il n’avait plus à pallier l’absence de restauration sur le lieu de travail.

Comme la justice a tranché en faveur des employés, l’entreprise sait que “reprendre c’est voler”. Mauvais souvenir numéro 2.

Il reste donc encore à convaincre les employeurs.

L’utilisation du chèque-télétravail ne peut être détournée

C’est ce qui pourrait rassurer les entreprises : le crédit utilisé ne peut l’être que dans les tiers-lieux affiliés au réseau que Thierry Valdor a monté. Il ne se limite pas aux espaces de coworking, mais aussi aux centres de télétravail, aux fablabs et tous les tiers-lieux.

De plus, la vérification du temps de travail réellement effectué sera facilitée, puisque les services administratifs des espaces de travail loués peuvent fournir une facturation détaillée des prestations et du temps passé sur place par l’employé.

Il ne manque plus qu’une tribune et une législation pour permettre aux entreprises de comprendre tous les bénéfices du dispositif.

Les effets vertueux du chèque-télétravail

Thierry Valdor visualise très bien la portée de son titre et ses enjeux :

  • développer les territoires en encourageant les investisseurs à créer des espaces de travail,
  • développer l’économie locale grâce au maintien des habitants sur place et grâce aux nouveaux arrivants,
  • désaturer les grandes villes au profit des centres périurbains et ruraux,
  • limiter la pollution suscitée par les déplacements,
  • préserver la santé mentale grâce au lien social généré par le coworking,
  • améliorer la qualité de vie des gens.


Lisy suivra de très près cette innovation qui permettra à ses investisseurs de parier sur des zones encore très accessibles.

Joane Eftekhari
Inbound manager – Ex juriste
Partager