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Les dark stores voués à disparaître des centres-villes dès 2023 ?

Par Joane Eftekhari
Publié le 27 juillet 2023
Lecture de 3 min
rayons dark stores
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Utilisés comme centres de distribution pour la livraison à domicile, quasi instantanée, les dark stores étaient, jusqu’à il y a très peu de temps, difficiles à définir juridiquement. Faut-il les considérer comme des commerces ou comme des entrepôts dans la mesure où ils ne sont en principe pas ouverts au public ? En fonction de leur statut et du Plan Local d’Urbanisme (PLU) ils n’auront pas le droit de s’implanter n’importe où. L’enjeux est crucial car leur nombre a explosé !  Certains dark stores ont tenté de brouiller les pistes avec des minis points de collecte. Tant de questions qui ont animé les instances législatives ces derniers mois. Nous vous aidons à y voir plus clair !

Bien comprendre le concept du dark store

dark store

Image source : La Tribune

Le concept du dark store est relativement récent et a commencé à se développer avec l’essor du commerce électronique, notamment pendant la pandémie de Covid-19. Les sociétés de livraison de produits alimentaires et d’autres produits ont commencé à utiliser ces « magasins » pour stocker des marchandises et remplir les commandes rapidement. Les dark stores proposent une alternative aux magasins traditionnels pour les clients qui ne souhaitent pas se rendre physiquement en magasin et ont connu un franc succès pendant les confinements successifs.

Afin de pouvoir livrer les clients à leur domicile en quelques minutes, le local doit être de préférence situé en ville pour faciliter la gestion du dernier kilomètre, voire du dernier mètre.

Mais alors, quelle différence avec le drive ? 🤔

Elle est tenue. Elle réside dans le fait qu’il n’y a pas de point de collecte (et cet élément est essentiel dans le traitement juridique de l’affaire qui va suivre) mais aussi dans la logistique même du stockage. Pour le drive, les biens sont stockés dans des cartons, alors qu’ils sont stockés en rayons pour le dark store et la gamme de produits est très peu développée.

La notion de quick commerce : indivisible du dark store

Le quick commerce, également connu sous le nom de « q-commerce« , est un concept commercial qui permet aux clients de faire des achats sur internet et de recevoir leur commande en quelques minutes seulement. Il s’agit essentiellement d’une évolution du commerce électronique traditionnel qui met l’accent sur la rapidité et la commodité de la livraison.

Les dark stores sont utilisés pour répondre à cette demande, car ils peuvent stocker des produits dans des endroits stratégiques.

Les détaillants traditionnels, tels que les supermarchés et les pharmacies, ont également commencé à proposer des services de quick commerce pour répondre à la demande des clients. Ils utilisent d’ailleurs eux-mêmes des dark stores pour stocker des produits et remplir les commandes rapidement.

Le quick commerce en France est un marché qui était en pleine croissance jusqu’en 2022, mais qui perd en vitesse sur le premier semestre 2023. D’après les analystes, le marché représentait pas loin de 122M € en 2021, plus de 250M€ en 2022 (soit une croissance de + 100%) pour seulement 11 acteurs majeurs (dont le Français Cajoo, le Turc Getir et l’Allemand Flink) pour se le partager. Mais depuis quelques semaines, c’est dépôt de bilan, liquidations judiciaires et départs de France en pagaille.

​Pourquoi ❓

Dark store : quels sont les nombreux problèmes soulevés ?

Comme nous le disions en intro, le statut juridique du dark store était jusqu’à présent très flou. 

1️⃣D’une part, ces locaux de stockage et de distribution utilisaient l’implantation des locaux commerciaux vides au cœur des centres-villes pour avoir les meilleurs emplacements et opérer les courses de livraison les plus rapides possibles. 

➡️ Évidemment cela a généré des troubles au niveau du petit commerce. En effet, ces boutiques fantômes qui n’ont pas d’enseigne, pas de vitrine ou souvent opaques, pas de marchandises à vendre en direct, et qui, aux dires des élus locaux, sont finalement peu avenantes, ôteraient la vie sociale et économique du quartier.  

2️⃣D’autre part, les nuisances que les livreurs engendrent avec leurs nombreux va-et-vient en scooter portent atteinte aux riverains, qui sont pourtant eux-mêmes consommateurs du service. Être livré toujours plus vite, mais sans subir la pollution et les nuisances en contrepartie, est-ce vraiment possible ?

3️⃣Enfin, on note une recrudescence des fraudes, notamment dans Paris, et de nombreux dark stores et dark kitchens sont surveillés voire fermés pour manque d’hygiène et non-respect du code du travail. Ce qui, au final, entache l’ensemble du secteur.

La nouvelle réglementation en France

réglementation dark stores

Les élus et les maires de France ont lancé une offensive contre les dark stores. 

Un tweet d’Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, aura mis le feu aux poudres. 

Ce dernier lance une opprobre contre les dark-stores arguant qu’ils prennent la place des commerces et des artisans.

Il se dit prêt pour l’innovation mais pas sans régulation. C’est ainsi qu’il lance un mouvement qui veut faire bouger les lignes au sein du gouvernement.

Il attend donc du gouvernement une position ferme en faveur des mairies alors même que le lobbying des grands groupes comme Getir, Gorillas, Flink, vont obtenir de lui de pouvoir ouvrir un point de collecte, ce qui les qualifierait en commerces alors qu’ils ne sont réellement que des entrepôts.

Finalement, il sera décrété que même en se dotant d’un point de collecte, le local sera bien considéré comme un entrepôt.

Quelles conséquences ?

Sans avoir requis de changement de destination du local le cas échéant, les dark stores risquent la fermeture.

Une bataille s’engage et finalement en mars 2023, le juge qualifie définitivement les dark stores en entrepôts, et un arrêté est publié au JO en avril 2023.

En découle la possibilité pour la mairie de Paris de récupérer les locaux destinés initialement aux commerces, étant donné qu’ouvrir un entrepôt en rez-de-chaussée sur rue est interdit dans la ville. 

Il est maintenant possible à l’ensemble des métropoles et des communes de faire valoir leur PLU pour attaquer les dark stores.

➡️ Depuis avril 2023, c’est procédure sur procédure et pluie de fermetures.

Ajouté à cela toutes les difficultés économiques, il n’en fallait pas plus pour bouter les entreprises internationales hors de France.

Le marché se retrouve donc aux mains des plateformes comme Deliveroo et Ubereats, qui ont eu le flair de lier des partenariats avec tous les grands supermarchés pour la livraison de courses.

La faillite du business model des dark stores

dark stores

Image source : Les Echos

La réussite du modèle reposait sur des éléments très contextuels économiquement :

  • La situation sanitaire qui ne pouvait durer qu’un temps limité : soit le modèle devient pérenne en créant un nouveau mode de consommation, un nouveau besoin et un nouveau comportement, soit l’ancien modèle momentanément paralysé retrouve sa vigueur. Gros pari mais il semblerait bien que les gens soient ressortis au restaurant, aient retrouvé le chemin des supermarchés, et que la consommation physique n’ait pas été définitivement tuée.
  • Ces entreprises ont connu une croissance fulgurante grâce à des levées de fonds phénoménales, plusieurs milliards ont été « offerts » sous contrepartie d’obtenir une rentabilité rapide et à long terme. Trop vite, trop fort, tous les acteurs se sont brûlés les ailes et doivent aujourd’hui réduire la voilure pour convenir à un marché qui s’est finalement autorégulé.

À terme, les experts pensent qu’une seule marque s’installera en situation monopolistique sur le territoire français. Getir, Flinck et Gorillas ont abandonné la partie.

Joane Eftekhari
Inbound manager – Ex juriste
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