En France, les commerces n’échappent pas aux récentes fluctuations économiques, exacerbées par l’inflation et les séquelles de la crise sanitaire. Les commerçants, qu’ils soient locaux ou issus de chaînes internationales, sont confrontés à une double nécessité : s’adapter à une économie capricieuse et jongler avec les nouvelles attentes des consommateurs pour éviter les nombreuses liquidations judiciaires qui sévissent dans le milieu. Pour autant, ce contexte économique délicat n’empêche en rien certaines enseignes étrangères de s’implanter en France. On décrypte pour vous le marché commercial français 👇
Un contexte économique difficile qui engendre des liquidations records des commerces

Une baisse drastique de la consommation
L’inflation a considérablement modifié les habitudes d’achat des Français.
Et pour cause, 94% d’entre eux ont dû ajuster leurs habitudes de consommation en raison de l’augmentation des prix. En cause 👀? L’augmentation des coûts des matières premières, du transport, et de l’énergie, répercutant ainsi les prix finaux des biens de consommation.
En 2022, c’est ainsi que 57% des commerçants ont revu leurs tarifs à la hausse et en particulier, les épiceries fines qui sont 70% à avoir fait ce choix pour faire face aux défis économiques actuels.
Dans cette atmosphère d’incertitude économique, les consommateurs cherchent des alternatives pour maintenir leur pouvoir d’achat. Parmi eux, 40% recherchent désormais les petits prix pour leur consommation alimentaire. Une transformation des habitudes de consommation ressentie par 55% des commerçants interrogés et de façon encore plus marquée pour les commerçants de la région du Grand Est (79%) et 80% des épiceries fines d’après l’étude Ankorstore.
Cette inflation, couplée à la recherche accrue du meilleur rapport qualité/prix par les consommateurs, illustre une période de transition économique où les commerçants cherchent à trouver un équilibre dans un marché fluctuant.
Malheureusement, pour certains commerçants, cet équilibre reste difficile à trouver et ils restent sur le banc de touche.
Des liquidations records : restauration et textile.. crient haro !
La conjoncture économique difficile en France a conduit à une augmentation notable des liquidations et autres procédures collectives entre 2020 et 2023 avec un total de 103 procédures ouvertes (à fin août) dont 80 enseignes comme (Camaïeu, La Halle, Conforama, La Grande Récré, Courtepaille) d’après l’étude Knight Frank.Concrètement, cela représente 8800 magasins concernés par une procédure en France avec 3200 fermetures effectives. Certains de ces magasins fermés ont pu être reloués, tandis que d’autres restent vacants augmentant ainsi le risque d’une hausse durable de la vacance au sein des territoires les moins prisés de l’hexagone.
Parmi les secteurs les plus touchés, on peut citer au banc des accusés 🕵️♂️: Le secteur du textile et de la chaussure qui compte 44% des procédures depuis 2020, suivi par la restauration (15%), le meuble et la décoration (10%) ou encore la puériculture et les jouets (8%). Les commerces de réparation de véhicules, ainsi que les activités de coiffure et de soins ne sont pas non plus épargnés.
La pression économique exercée sur les commerçants est corroborée par l’étude Ankstore, qui note que 48% des commerçants ont observé une baisse de la fréquentation due à l’inflation. De plus, 47% des commerçants ont ressenti une chute du pouvoir d’achat de leurs clients, et 42% ont dû réduire leurs marges en raison de l’augmentation des frais d’approvisionnement. Cette réalité est particulièrement ressentie par les épiceries fines et les boutiques univers enfant puisque ⅓ d’entre elles positionnent la baisse du pouvoir d’achat en tant que difficulté principale.
Cette tendance à la liquidation et à la réduction des marges poussent les commerçants à s’adapter et à innover pour faire face à ces défis économiques.
Des commerçants et enseignes poussés de s’adapter et se réinventer

Réduction des coûts
Étant donné le contexte, nul besoin de vous faire un dessin, les commerçants élaborent des stratégies pour maintenir leur activité.
Outre l’augmentation des prix en 2022 pour 57% des commerçants avec une augmentation particulièrement visible du côté de la Provence-Alpes-Côte d’Azur ( 73% des commerçants) et de la Nouvelle Aquitaine (65% des commerçants) en 2023, d’autres mesures sont également mises en place.
Parmi ces mesures, 31% des commerçants ont choisi de réduire leurs stocks. L’objectif ? Minimiser les coûts associés à la détention d’inventaires importants, notamment dans un contexte économique incertain.
L’étude Ankorstore révèle également que près d‘un quart des commerçants ont réduit leurs dépenses courantes. Cette démarche vise à préserver la trésorerie, un enjeu capital pour garantir la pérennité de l’entreprise face à des revenus potentiellement en baisse.
Certains commerçants misent également sur l’ajustement des prix comme Stella Mazeres, gérante de la boutique Nouvel Arrondissement à Aix-en-Provence, qui préfère réduire sa marge plutôt que de répercuter l’augmentation des coûts sur ses clients. En faisant ce choix, elle espère fidéliser sa clientèle en offrant des prix stables malgré l’envolée des coûts.
Digitalisation et diversification
Parallèlement, la digitalisation s’est imposée comme une réponse adaptée aux nouvelles habitudes de consommation. En effet, 28% des commerçants ont intensifié leur communication digitale, pour toucher un public plus large. Et à juste titre ! L’étude Ankorstore souligne que 50% des clients se renseignent désormais en ligne avant de procéder à un achat. Mais il y a encore du boulot chez nos amis les commerçants ! Puisque moins de la moitié des commerçants indépendants (46%) possèdent un site de vente en ligne et ce nombre tombe à 9% chez les commerçants des villes de moins de 500 habitants 🫠.
Autre bouée de sauvetage pour de nombreux commerçants ? La diversification d’activités. En effet, un commerçant sur cinq envisage de diversifier son activité en 2023 afin de développer ses revenus. Il peut s’agir d’un élargissement de la gamme de produits ou encore d’une offre de services complémentaires comme l’ouverture d’un salon de thé ou la mise en place d’un point de restauration.
Ces secteurs qui tirent leur épingle du jeu et l’assaut des enseignes étrangères des signes encourageants ?
Dans ce contexte tourmenté, l’étude Knight met en lumière l’implantation continue d’enseignes étrangères en France, un signe encourageant de dynamisme dans certains secteurs du marché commercial. Parmi les principaux contingents de nouvelles enseignes : l’Italie (19%), les États-Unis (16%) et le Royaume-Uni (8%). Pour ne citer que quelques noms que vous croiserez peut-être lors de vos virées shopping : plusieurs marques de luxe et haut de gamme comme Jovadi, Dita, Palms Angel et le poids lourd du discount Allemand Tedi.
Au global, la restauration/alimentation est identifiée comme l’activité dominante parmi les nouvelles enseignes en 2023 (38%), suivie par la mode (21%) et le sport/sportswear (13%).
Parmi ces enseignes, Basic Fit se distingue particulièrement avec une expansion remarquable en France, illustrant la tendance de diversification dans le secteur du sport et des loisirs. Avec plus de 750 clubs ouverts entre 2014 et 2023, Basic Fit démontre que l’adaptation et l’expansion peuvent être des réponses viables aux défis économiques.
Conclusion
Malgré un contexte économique difficile qui a considérablement modifié les habitudes d’achat de 94% des Français entraînant par la même occasion des liquidations judiciaires records, certains commerçants s’adaptent et certains secteurs tirent leur épingle du jeu. Pour ne pas se retrouver sur le carreau, certains réduisent leurs coûts, se digitalisent ou diversifient leurs activités. Par ailleurs, l’implantation de nouvelles enseignes étrangères illustre un paysage commercial en mutation, où l’innovation et l’adaptation sont devenues des impératifs pour se démarquer et prospérer. Qu’il s’agisse de commerçants locaux ou d’enseignes internationales, la réinvention semble être le maître-mot pour tenir le choc dans le paysage économique actuel.